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 Les différentes flèches au Moyen-âge

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emardeche

emardeche


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MessageSujet: Les différentes flèches au Moyen-âge   Les différentes flèches au Moyen-âge Icon_minitimeLun 7 Mar - 9:06

Une personne m’a demandé il y a déjà un petit bout de temps s’il y avait des articles sur l’archerie sur Passion Médiévale, et je lui ai répondu si je me souviens bien quelque chose qui ressemble à : « pas encore, mais ça ne va pas tarder ». Voici donc mon premier article sur la question.
Pour se faire, je me repose sur mes souvenirs de l’intervention de François Kaiser que j’ai entendu ce week-end, un médiéviste passionné de chasse que j’ai pu côtoyer tantôt à Poligny (77) sur son camp De la flèche à l’assiette et sur un article fort intéressant extrait de la Revue archéologique de l’Est, n°55 datant de 2006, intitulé Pointes de flèche en fer forgé du Moyen Âge : recherche expérimentale sur leur technique de fabrication, écrit par Messieurs Jean SAINTY et Jean MARCHE. Les illustrations sont tirées de cet article.
Que nous reste-t’il exactement après tout ce temps des flèches ? Bien peu de choses en réalité. On s’appuie essentiellement l’analyse des marques des outils et des traces de pliage sur des pointes retrouvées lors de fouilles pour tenter de proposer des hypothèses de reconstitution les plus fiables possible. On doit aussi tenir compte du fait que la majorité des pointes de flèches mérovingiennes retrouvées sont dans un état de corrosion très poussé car le fer rouille et se conserve assez mal, à noter aussi que le bois a évidemment disparu et qu’il n’en reste qu’une emprunte, ainsi que les plumes. On devrait aussi considérer eut égard à l’article que j’exploite que la conception des pointes a probablement aussi un certain nombre de caractéristiques régionales, toutefois même si ces interrogations sont légitimes, mon article se veut plutôt généraliste. Si néanmoins quelqu’un avait des informations supplémentaires, je serais ravie de les trouver en commentaire.
L’anatomie de la flèche et ses premiers débuts.

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On distingue trois parties : la pointe en fer forgé, le fût est toujours en bois d’arbre car les bois de buisson sont trop tendres (exceptés les résineux sinon ça colle) au bout duquel se trouve l’empennage en plumes et l’encoche qui permet de fixer la flèche sur la corde pour tirer. La pointe est elle-même composée d’une douille qui permet de mettre la pointe sur le fût, et d’une tête qui est la pointe de la pointe, pour faire un jeu de mot pourri.
On estime que la première apparition attestée des arcs et des flèches a eu lieu environ en 10 000 avant Jésus-Christ : des peintures rupestres montrent des chasseurs armés d’arc notamment en Espagne et en Italie et on a retrouvé en Allemagne des pointes de flèches datées approximativement de -10 800. Cependant, les hypothèses de certains chercheurs remonteraient la date à -20 000, voir -30 000. Comme d’habitude, les querelles d’historien et de théorie… bref, infos à prendre avec des pincettes évidemment. Pour ma part, je me contenterais des premières attestations apportées des sources primaires comme point de départ.
La pointe de flèche avant l’apparition du fer est fait d’os. On a pu proposer des hypothèses de reconstitution grâce à l’analyse de l’emprunte dans le sol lors des fouilles. Son empennage collé au fût en bois par une colle animale ce qui lui fait grandement craindre l’humidité.

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Particulièrement odorante, on ne connait plus exactement la recette de cette colle mais dont on peut imaginer qu’elle serait actuellement équivalente à la celle employée par Monsieur Kaiser pour faire sa propre reconstitution. Ce dernier utilise un est le produit de la décomposition dans un même tonneau d’une peau de porc, de tête de poissons ainsi que leurs arrêtes et autres produits animaliers gras, mis à bouillir et touiller non stop sur le feu plusieurs jours. Pince à linge oblige, n’essayez pas à moins d’avoir un grand jardin isolé du reste du monde ou votre épouse demande le divorce. Si les techniques de fabrication vous intéresse je vous invite à vous référer directement à la revue qui explique comment chaque modèle a été obtenu. Ce n’est pas mon propos ici. Il s’agit juste de retracer une sorte d’histoire de la flèche, et pour le moment uniquement celles utilisées à la guerre. Celles pour la chasse feront l’objet d’un autre article.
Les pointes de flèche mérovingienne et carolingienne.

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Dans l’article de la Revue archéologique de l’Est, les deux auteurs s’appuient sur le travail de fouille de M. Zenhnacker
à Kirchbuehl qui a mis à jour en 1995 une nécropole mérovingienne comportant trente deux sépultures reparties sur cinq cent mètres carrés. Dans la nécropole de Niedernai, comme elle fut ainsi nommée, trois tombes masculines ont délivré sept pointes de flèches. Elles ont été datées au milieu du VIème siècle. C’est sur le modèle 1 qu’est proposée cette hypothèse de reconstitution par nos deux chercheurs, qui ont essayé au maximum de conserver les méthodes et les outils de l’époque, bien qu’il faille noter que notre fer actuel est plus pur et rend les choses plus délicates dans la mesure où le traitement du métal n’est pas le même. Elle est ainsi décrite par les auteurs : Pointe de grande taille à douille conique et flamme en forme de feuille allongée, à bords tranchants.
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Le modèle suivant est une pointe de flèche à douille conique et tête triangulaire barbelée. Elle repose sur les photographies d’une pointe de flèche en très mauvais état, trouvée à Wasselone en 1991 par J. Sainty. Elle est estimée comme appartenant au VIIème siècle
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La figure 3 est un croquis d’une pointe de flèche à douille conique et à tête triangulaire large barbelée. Elle provient du gisement archéologique de Bach (Suisse). La figure 4 quand a elle est une pointe de flèche torsadée à douille conique et à tête triangulaire longue barbelée trouvée dans la nécropole mérovingienne de Doubs. La première est datée du milieu du VIIème siècle, la seconde de la fin du VIIème. On constate que les flèches dites « barbelées » ont pour objectif de faire beaucoup plus de dégâts au retrait en arrachant la chair, mais que sur la seconde figure, elles permettent aussi la création de flèches-harpon (figure 4) au bout desquelles ont met un filin pour ramener le poisson.

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La figure 3 est un croquis d’une pointe de flèche à douille conique et à tête triangulaire large barbelée. Elle provient du gisement archéologique de Bach (Suisse). La figure 4 quand a elle est une pointe de flèche torsadée à douille conique et à tête triangulaire longue barbelée trouvée dans la nécropole mérovingienne de Doubs. La première est datée du milieu du VIIème siècle, la seconde de la fin du VIIème. On constate que les flèches dites « barbelées » ont pour objectif de faire beaucoup plus de dégâts au retrait en arrachant la chair, mais que sur la seconde figure, elles permettent aussi la création de flèches-harpon (figure 4) au bout desquelles ont met un filin pour ramener le poisson.
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Ce qu’on constate, et ce que nous supposons, est que les flèches ont évolué en parallèle avec l’amélioration des moyens de protection pour les flèches guerrières et en parallèle avec la nécessité d’augmenter la performance de chasse/pêche pour les autres. En effet, l‘évolution de la forme des flèches au cours de la période mérovingienne montre qu’on a eu la volonté, sinon de tuer directement puisqu’on tire plutôt des volées de flèches, au moins de gêner l’adversaire au maximum en rendant plus difficile le retrait et en favorisant l’infection. Pour cela, on a également veillé à ce que la douille soit amovible : ainsi lorsqu’on tire sur le fût pour ôter la flèche, la pointe reste dans la plaie. L’aspect pratique de la chose étant également que cette caractéristique rend difficile de récupérer des munitions supplémentaires sur les corps.
L’illustration n°15 correspond à une pointe de flèche typique du XIIème siècle : Il s’agit d’une pointe de flèche présentant un profil pyramidale à section carrée, avec renflement important entre la pointe et la douille conique. La pointe à l’origine de cette reconstitution a été retrouvé au Château Nord de Dagsbourd. On constate déjà que la forme est plus profilé et plus allongée afin de mieux s’adapter aux évolutions des moyens de protection.

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L’illustration n° 14 correspond à un modèle issu d’une collection privée, trouvé au château de Grand-Geroldseck dans le Bas-Rhin. Cette pièce est datée du début du XIIème siècle, il s’agit d’une pointe longue et effilée « type aiguille » à section carrée, se prolongeant par une douille conique, sans rupture entre la pointe et la douille. L’objectif est très clairement de percer la maille en passant à travers les anneaux (d’où le qualificatif de « flèche perce-maille »). Celle-ci évolue au gré des protections pour percer la maille en écartant les anneaux, comme le montre les illustrations 13 et 16, issus de modèles trouvé au château de Haut-Koeningsbourg .
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On conserve le concept de longueur de ce système car à l’origine l’armure ne collait pas au corps de manière à ce que le jour entre le gambison et l’armure puisse éviter à la flèche de pénétrer la chaire d’où la nécessité d’utiliser une pointe particulièrement longue si on souhaite toucher l’adversaire. On améliorera donc ce type de pointe pour percer aussi de la cuirasse en modifiant la tête de flèche.
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On maîtrise les techniques des flèches incendiaires , figure 12, à partir du XIIIème siècle. Cette date est établie à partir d’une pointe retrouvée au château de Landsberg ( Bas-Rhin) et conservée chez un collectionneur privée. Les trois branches à l’extrémité s’écartent pour y coincé un tissu imbibé de combustible, comme la graisse ou comme la poix qui avait la particularité de ne pas s’éteindre mais dont on a perdu le mode de fabrication aujourd’hui.
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Les figures n° 6 et 7 correspondent au modèle de pointes à pointe triangulaire ou carrée, présentant une tête bien individualisée, à étranglement très marqué entre la pointe et la douille conique. Elles reposent sur les découvertes issues d’une collection privée et auraient été trouvées au château de Luzelbourg (Bas-rhin). Ces pointes sont datées de la fin du XIIIème siècle. Il s’agit de flèches prévues pour passer les armures inspirées des carreaux d’arbalète, qui ont suivi les modèles « perce-maille » représentés par les illustrations 13, 14, et 16
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Fin XIIIème également, une pointe de flèche qui se trouve actuellement au musée de Londres, dite pointe de flèche en « queue d’hirondelle » à douille conique du « type 15 » atteste de la naissance d’une nouvelle forme a priori plutôt utilisée pour la chasse. On l’utilise pour le gros gibier car sa forme provoque une grosse hémorragie. On envisage aussi que celle-ci ait pu être utilisée contre les chevaux.
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Les flèches pendant le Haut Moyen-âge

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Le modèle figure 8 est qualifié de pointe de flèche à flamme en forme d’amande à section losangique plus ou moins aplatie, douille fine conique. On a retrouvé une pièce à Selz, datée approximativement du XIVème siècle.
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La figure 9 quant à elle correspond à une pièce datée de la fin du XIVème, il s’agit d’une pointe de flèche à ailerons et douille conique du « type 16 » du catalogue du Musée de Londres (HARDY, 197 7 ). Elle est aussi bien utilisée pour la chasse que la guerre et il en existe de très nombreuses variantes.
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Au XVème siècle approximativement, la flèche de la figure 10 servirait aussi bien à couper les cordes des voiles pour immobiliser les navires que les tendons des chevaux. Elle est ainsi décrite pointe de flèche à large tranchant transversal à douille conique. Il en existe de nombreuses variétés, le tranchant pouvant être droit, légèrement concave ou en demi-lune. On entre dans la flèche typiquement spécialisée.
L’arc sera assez vite concurrencée par l’arbalète et le cousin de la flèche : le carreau. Le concile de Latran II, en 1139, interdit l’usage de l’arbalète car on juge celle-ci immorale puisqu’un homme sans entrainement particulier peut tuer à distance un chevalier émérite. En 1143, le pape va même jusqu’à menacer d’excommunication les utilisateurs et les fabricants de celle-ci, ce qui oblige les seigneurs à payer des mercenaires très cher et qui laisse donc à l’arc au Moyen-âge une large place bien que l’arbalète soit en tout point plus efficace. L’usage de la flèche ralentira à peine au fur et à mesure qu’elle sera remplacée occasionnellement par la poudre, qui est encore au Moyen-âge rappelons-le, rare et coûteuse.
En vous souhaitant bonne lecture, et pourquoi pas bonne fabrication si vous vous lancez dans l’aventure. N’hésitez pas à nous raconter vos exploits.

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